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Quand ils seront dans la tombe
Ils seront comme tous les morts
Cellules décomposées
Peaux décolorées
Raideur des paupières et des membres
Bactéries propagées jusqu’au cerveau
Corps verdâtres de la putréfaction
Et
Paradis des mouches.
Quand ils seront dans la tombe
Ils seront comme tous les morts
Ni plus riches
Ni plus pauvres.
Trop
Trop de pas se sont enlisés
Dans la boue de la convoitise
Et les poulpes de la duplicité ont envahi les visages
Trop
Trop de salamandres se sont entre-dévorées
Dans l’eau du même puits
Trop
Trop de prédateurs
Se sont désaltérés dans des flaques de sang
Les dents aiguisées
Par les pierres de la cruauté.
Trop
Trop de tempêtes ont agité l’huile de la mer
Trop
Trop de tempêtes ont été apprivoisées
Par des chants insidieux
Et les vices ont emperlé le cou des navires
Le soleil s’est pavané sur les boulevards de l’orgueil
Et l’ombre castratrice
S’est allongée sur le sable de l’espoir.
Trop
Trop de souffrances se sont agrippées
Aux barques du ciel
Trop
De barreaux ont vociféré
Contre les cages
Et l’ennui a grimpé aux murs
Comme une plante vénéneuse.
Trop
Trop de jardins sans saveur
Trop de paroles sans amour.
Quand ils seront dans la tombe
Ils seront comme tous les morts
Ni plus riches
Ni plus pauvres
Mais qu’auront-ils fait de leur vie ?
Ils auront vilipendé l'éclat des jours
Ils auront détourné les fleuves de l'équité
Ils auront mesuré, calculé, analysé
Ils auront enduré, digéré
Ils auront tiré les pierres des royaumes
Avec sur le dos
Les morsures des lanières.
Mais
L’étincelle
Tant de fois renouvelée
Dans la brèche du songe
Comme un oiseau délivré.
L’étincelle
Que les feux ont vue grandir
Lorsque les flux chassaient les brumes
Et que crépitait la solitude.
L’étincelle
N’a jamais envié
Ni voulu posséder.
Manches retroussées
Sous la voûte céleste
Le verbe invite l’encre.
Dans le pelage de la Grande Ourse
Grouillent des souffles inassouvis.
Quand... Pierre Rive
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Parution : 12-02-2021
Poésie
Format : 150 x 230 mm
Nombre de pages : 78
Prix 15 euros ( à commander sur le site des éditions du Net)
Illustration de l'auteur
L’oiseau
Je ne me reconnais plus sur les photographies
Ni sur les miroirs.
J’ai perdu mon identité
Dans les sphères qui menaient à son nid.
Les dédales de son monde
Je les ai sillonnés
Jusqu’à en devenir infirme.
Les ongles lumineux de ma tête
Ont incisé les enveloppes rondes
Libérant le sang des rêves
Et la salive des phrases.
Avec les mains de la soif
Sur les seins des lunes
J’ai bu au fleuve de son chant
Entre deux prisons.
*
Au-dessus des chemins escarpés
Son vol épousait le vent.
Et
Les rites de la mort
Se perdaient dans son plumage.
*
Dans les battements de ses ailes
Sans cesse
Des souffles nouveaux.
Loin
Loin du manège des hommes
Loin
De leur peau tirée à quatre épingles
Et
De leur suffisance.
*
Ce parfum dans le tourbillon du vent
Ce parfum
Qui enivrait les oisillons de la faim
Lorsque chassaient ses ailes
Au croisement des rêves.
Et l’ombre de son cri
Sur les paupières brûlées du temps
Comme jaillissait une source
Sur une terre aride.
*
Les flammes dansaient
Dans leur robe transparente
Avec leurs seins bleutés.
Leurs jambes fuselées
Sur le podium ardent des brindilles
S’agitaient sans trêve.
Les flammes dansaient
Projetant leur ombre
Sur les pierres du songe.
Un feu
Au cœur de la nuit
Et
Dans le règne de la cendre
La musique de son bec.
*
À flanc de falaise
Lacis de branchages.
Nid inondé de lumières
Quand la nuit se déshabillait
Ou
Lorsque le jour lui enfonçait la tête
Dans les flots du ciel.
Pattes ouvrières et bec acéré
Le bâtisseur s’enivrait de silence.
*
Le doigt de l’encre a caressé sa tête
Ses ailes se sont déployées.
Son corps s’est lancé
Fendant l’air.
S’est élevé en tournoyant.
Et
Son glapissement a résonné
Sous le toit du ciel.
*
-
Pierre Rive est un pseudonyme. Auteur français né en 1960 en Loire-Atlantique, il a passé toute sa jeunesse au bord de la mer, dans une famille qui aimait la littérature, la musique et la peinture.
Il s’intéressera à la poésie. Avec des affinités pour : Ronsard, Hugo, Nerval, Vigny, Valéry, Cendrars, Apollinaire, Reverdy, Neruda, Char, Aragon, Prévert, Queneau...
Il aura aussi des attirances avec d’autres auteurs et romanciers : Montaigne, Voltaire, Zola, Camus, Mauriac, Giono, Céline, Hesse, Miller...
De nombreux textes prendront naissance à partir de l’adolescence.
Après une longue interruption, il reviendra à la plume. De 1994 à 2004, il accumulera sur son coin de bureau, des feuilles à caractère poétique. Une partie de cette création sera proposée et sera publiée en Belgique en 2006 sous les titres : Écriture vol 1 et vol 2. En parallèle, ses textes paraîtront dans des revues.
D'autres ouvrages viendront chez le même éditeur.
Son travail en poésie est en forme libre et sans esprit de chapelle. L'auteur a aussi publié des nouvelles, des textes humoristiques, des parodies et des écrits pour la jeunesse.
Il peint et illustre ses livres.
Aux éditons Chloé des Lys :
1) Écriture Volume 1 (Imageries) (Poésie 1994-2004) 2006/115 pages
ISBN 978-2-87459-179-3
2) Écriture Volume 2 (Fragments) (Poésie 1994-2004) 2006/129 pages
ISBN 978-2-87459-180-7
3) Parcs (Poésie et nouvelles) 2007/142 pages
ISBN 978-2-87459-253-9
4) Mélange (Proses burlesques et nouvelles) 2008/120 pages
ISBN 978-2-87459-336-9
5) Éternelle Mythologie (Parodie) 2008 (Argot)/106 pages
ISBN 978-2-87459-367-3
6) Ville (Critiques, réflexions et poésie) 2010/106 pages
ISBN 978-2-87459-463-2
7) Sel (Poésie et petites histoires) 2012/91 pages
ISBN 978-2-87459-655-1
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8) Billy the Cid (Parodie) Edilivre 2017 (Argot)/72 pages
ISBN 978-2-414-13045-0
9) Petites histoires (Livre jeunesse) BoD 2017/64 pages
ISBN 978-2-322-08444-9 (Illustrations de l'auteur)
10) Hier-Aujourd'hui (Poésie et nouvelle) Éd. Du Net 2018/76 pages
ISBN : 978-2-312-05941-9
11) Histoires des profondeurs (Livre jeunesse) BoD 2018/40 pages
ISBN 9782322090907 (Illustrations de l'auteur)
12) Dialogues pour rire ou pour pleurer (Satire) Amazon 2019/90 pages
ISBN : 978-1-0794-7788-7
13) Verbe (Poésie, bestiaire) Éd. Du Net 2020/78 pages
ISBN 978-2-312-07396-5
14) Poèmes, etc. (Poésie, réflexions) Éd. Du Net 2021/ 78 pages
ISBN 978-2-312-07984-4
Publications avec pseudo et vrai nom. (Entre 2000 et 2019)
Revues papiers/Anthologies
2000 - Traces 140 - P-Y Thomas / Le Boxer
2001 - Le cri d'os 33 /34 - P-Y Thomas/Verger/La cavale
2001 - Traces 143/144 - P-Y Thomas/Nudité
2002 - Verso 108 - P-Y Thomas/L'indien
2002 - Traces 145 - P-Y Thomas/Lune
2002 - Friches 80 - P-Y Thomas/L'innocent/L'enfant/Ecriture/Le jardinier/Lune
2002 - Traces 147 - P-Y Thomas/La tanière du loup
2003 - Verso 113 - P-Y Thomas/Essuie-glace
2003 - Traces 150 - P-Y Thomas/Le café
2003 - Traces 151 - P-Y Thomas/Buissons
2003 - Comme en poésie 16 - P-Y Thomas/Grand couillon
2004 - Verso 116 - P-Y Thomas/La mer/Dunes
2004 - Comme en poésie 18 - P-Y Thomas/ Kirikiki
2004 - Verso 118 - P-Y Thomas/Train/Jardin de nuit
2004 - Traces 156 - P-Y Thomas/Le bouclier
2004 - Comme en poésie 20 - P-Y Thomas/Les ouvrières/Les barbares
2005 - Verso 120 - P-Y Thomas/Jolis poissons/Le monstre/Comme si...
2005- Traces 157 - P-Y Thomas/L'herbe
2006 - Verso 127 - P-Y Thomas/Vélo
2007 - Inédit nouveau 214 - Pierre Rive/La mer est revenue/Orage
2007 - Verso 129 - P-Y Thomas/ Belles de nuit/Le moustachu
2007 - Verso 130 - Pierre Rive/ Marina
2007 - Chloé des Lys - Poèmes d'amour - Pierre Rive/Chère Rose
2008 - Verso 133 - Pierre Rive/ Le livre/La Saint-Jean/Les Branches
2008 - Verso 135 - Pierre Rive/Courir
2008 - Chloé des Lys - Éloge de l'autre - Pierre Rive/Carrefour
2009 - Libelle 197 - Pierre Rive/Hommes de terre
2009 - Verso 136 - Pierre Rive/Chère Rose
2009 - Libelle 202 - Pierre Rive/Les arbres de la nuit
2009 - Verso 137 - Pierre Rive/Il vaut mieux se taire...
2009 - Chloé des Lys - Révolutions - Pierre Rive/La société de consommation.
2010 - Libelle 215 - Pierre Rive/Ecrire
2010 - Verso 142 - Pierre Rive/La cybernétique
2012 - Verso 148 - Pierre Rive/Petite histoire/La sirène
2013 - Verso 154 - Pierre Rive/Les nomades/Le poulpe
2017 - Verso 170 - Pierre Rive/Qui ?
2018 - Verso 174 - Pierre Rive/Falaises/Rivière
2019 - Verso 177 - Pierre Rive/Vulve/Nuit/Marée basse
Textes réunis par Pierre Monfort. (29800 Tréflévénez)
2019 - Sélection de poètes bretons n° 2 - Pierre Rive/ Perles/Falaises
2019 - Pollens et Gerbes de poésies n° 2- Pierre Rive/ La guerre/Nuit
Revues sur internet
2008 à 2010 - Mille nouvelles - Pierre Rive/Parking/ La femme
sept 2009 - Le capital des mots - Pierre Rive/ Le néon
nov 2010 - Le capital des mots - Pierre Rive/Le vent
juin 2012 - Le capital des mots - Pierre Rive/ La belle tortue
mars 2018 - le capital des mots - Pierre Rive/Perles/La barque/L'ombre
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Parution juin 2020
Titre : Verbe
Genre : Poésie
Format : 150 x 230
78 pages
ISBN : 978-2-312-07396 -5
Prix 15 euros - à commander sur le site des Éditions du Net
Poésie - (Thèmes variés) Illustration de l'auteur
Extrait :
Chante, chante, vieux navire
Même si ton capitaine est mort depuis longtemps.
Chante, chante, avec ta robe d’algues et ta coque trouée.
L’eau salée t’enlace et dilate le bois de tes flancs
Mollusques et crustacés viennent y faire des festins.
Chante, chante la vie sous-marine.
Les ragots du port se colportent
Te traitent d’épave, de bon à rien.
Il ne faut pas les écouter.
Chante, chante, les profondeurs
Et le ciel de la mer.
Quand la lune tire les draps
Émergent les ruines de ton pont
Les mouettes crient sur le bastingage
L’or de tes écoutilles.
Chante, chante, les plumes
Et mords à pleines dents les fruits des embruns.
Chante, chante, vieux navire
Même si ton capitaine est mort depuis longtemps.
Chante, chante, le souvenir de ses bras
Lorsque les poulies hissaient les voiles
Avec l’haleine du rhum
Et que les vagues se fendaient sous le sabre du vent.
Tu étais sa maison
Entourée de brumes et de prairies iodées.
Tu étais sa maison
Avec le sang des pluies et les soleils ardents des cordages.
Les lèvres de tes cales parfumaient d’épices
Les silences des nuits
Et quand tanguaient les meubles
Sur la surface réveillée
Les mains de la lumière tenaient la barre.
Chante, chante, vieux navire
La hune crie encore les chevelures des îles
Et la faim des haubans.
Chante, chante, vieux navire
La laideur s’est noyée
Dans ton sillage.
Vieux navire
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Dialogues pour rire ou pour pleurer
20 juillet 2019 Amazon
90 pages
13,3 x 20,3 cm
Prix : 12.66 euros
Ebook : 3 euros
Cette suite de dialogues n’a pas pour projet de mettre des comédiens sur les planches, d'autant plus que les humains ne sont pas les seuls à parler. On y trouve quelques attitudes contemporaines : une France qui périclite sous le joug des actionnaires, des vies dominées par l’informatique, les frustrations de l’église face au sexe… D’autres conversations plus intimes viennent se greffer à ce travail.Un ouvrage à la fois satirique et lyrique.
Illustration de couverture : l’auteur
Extrait : Le fou
Le fou dans sa cellule avec son infirmier.
Le fou - C’est drôle !
L' infirmier - Quoi ?
Le fou - Tu as un petit village sur la tête.
L'infirmier - Pff !
Le fou - Si ! Je vois le boucher. Sa femme fait de l’œil à un client.
L'infirmier - Ça ne s’arrange pas !
Le fou - Tiens ! Le maire est parti à la chasse avec le châtelain.
L' infirmier - Tu dérailles complètement.
Le fou - La châtelaine s’envoie en l’air avec le jardinier.
L'infirmier - N'importe quoi !
Le fou - Le jardinier l’a prise en brouette.
L' infirmier - Pff !
Le fou - Son arrosoir est en pleine forme. La châtelaine est aux anges !
L'infirmier - Du calme !
Le fou - Tiens ! Il y a un manège sur la grande place.
L'infirmier - Il va falloir doubler ton traitement !
Le fou - Les enfants rient sur le manège.
L'infirmier - Tant mieux !
Le fou - Ah ! il y en a un qui me fait des grimaces.
L'infirmier - Sans blague !
Le fou - Je n’aime pas ça ! Pas du tout !
L'infirmier - Pff !
Le fou - Tiens ! C’est drôle !
L’infirmier - Quoi encore ?
Le fou - Il y a une grosse toile d’araignée sur ton visage.
L’infirmier - Ah !
Le fou - Il y a aussi une grosse araignée avec des pattes velues qui se promène entre tes yeux et sur tes joues.
L’infirmier - Je…
Le fou - Méfie-toi ! Elle va entrer par un trou de nez ! Tout dévorer ! Et ressortir par ton trou du cul !
L’infirmier - Ça suffit ! (Il lui fait avaler des gélules et il quitte la chambre.)
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Parution novembre 2018 ISBN : 9782322090907
17 x 22 cm 40 pages
Prix 5.50 euros ou 2.99 euros (eBook)
BoD
Histoires pour enfants – entre 4 et 7 ans.
La mer et ses habitants :
Sarah, la petite pieuvre est une artiste. Mais un grand poisson anguilliforme vient troubler son univers.
L’étoile de mer…
Flo, le dauphin…
Textes et illustrations de l’auteur.
EXTRAIT
La petite pieuvre
Possède huit bras
Et ses bras lui servent aussi de pattes.
La petite pieuvre
Possède huit jambes fuselées
Et n’a pas besoin de maquillage
Pour séduire les autres céphalopodes.
La petite pieuvre s’appelle Sarah.
Sarah, c’est joli ! Très joli !
Sarah danse, danse, danse
Sur les podiums des profondeurs
Comme une fleur lumineuse.
La petite pieuvre
Possède aussi un bec
Comme celui des perroquets
Mais ne répète pas bêtement
Tout ce qu’on lui dit.
Sarah chante, chante, chante
Sur les estrades de l’océan
Comme un oiseau rayonnant.
Sarah chante, chante
Et son sang bleu bas très fort à ses tempes
Quand les spectateurs applaudissent
Et crient « Une autre ! Une autre ! »
Sarah est une artiste complète.
La petite pieuvre
Possède huit tentacules
Avec des centaines de ventouses.
Celles-ci adhèrent sur les rochers du rêve
Sarah aime beaucoup rêver.
Quand le spectacle est terminé
Elle enlace avec gratitude ses admirateurs.
Puis
Elle retourne dans sa grotte
Avec son attelage de chevaux de mer.
Les hippocampes fredonnent les chansons de Sarah
Et hennissent sur les chemins du retour.
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Parution : juillet 2018
Titre : Hier-Aujourd’hui
Genre : Poésie et récit.
Format : 15 x 23 cm
76 pages
ISBN : 978-2-312-05941-9
Prix livre papier : 15 euros – à commander sur le site des Éditions du Net.
Illustration de l'auteur
Poèmes et récit. Dans ce travail se croisent des images du passé et du présent. Souvenir d’un amour de jeunesse, langages divers et réflexions sur l’avenir, dans un univers qui se dégrade.
Extrait :
Vulve
La cigarette que l’on fumait
Quand le grand feu crépitait dans l’antre du rêve
Quand les flammes se distordaient
Sous les mains de la soif.
La cigarette que l’on fumait
Devant le ciel ébréché
Que nos souffles devaient à chaque fois recommencer.
Elle était bonne à tirer.
On voyait fleurir des pays entre nos doigts
On défiait les dieux et les intempéries.
Et puis
Mon corps se mélangeait à ton corps impalpable.
Avec encore l’odeur de l’encre
Sur ta vulve grandissante
Je restais là, à dévisager notre rencontre.
La barque
La barque est sur le sable
Le sable est sur la barque
C’est un restant d’embarcation
Un squelette
Que le vent enlace
Que la pluie pourrit.
La barque est sur le sable
Dans un endroit désolé.
Désolées sont les mouettes
Car le bois de la coque
Ne ramènera plus de poissons.
Il reste un morceau de filet
Entre les os de l’aventurière
Les os
Que les fauves du temps ont léchés.
Il reste un morceau de filet
Qui se souvient encore
Des prairies de la mer
Et du cuir tanné des pêcheurs.
Promeneurs
Ne riez pas de l’épave !
Il y a tant de richesses
Qui émanent de son cadavre.
Rivière
La rivière bourgeonne
Dans l’orchestre des becs
Son cours se libère
Des griffes des crues.
Les racines noyées
Vident leurs poumons
Sur la terre du soleil.
Les parfums momifient
Les rois de l’hiver.
Quand les berges se dénudent
Montrent leurs jambes trouées de gîtes
Et leurs seins de glaise
Une musique désespérée s’allonge
Comme un saxo étranglé
Sur les pierres brûlantes.
Les flaques assoiffées
Pissent des rus tourmentés
Et les poissons prisonniers
Cherchent la grande couverture de l’onde.
Dans les feuillages roux et mordorés
Les violons de la pluie ouvrent le bal
C’est la danse des écailles
Et de la fange.
De nouveau
La rivière retrouvera
La force de son corps
Et ses bords inonderont
Le ventre de l’herbe.
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Parution octobre 2017
Titre : Petites Histoires
Genre : Livre Jeunesse
Format : 14.8 x 21 cm
Pages : 64
ISBN : 978-2-322-08444-9
Textes et illustrations de l'auteur
Prix livre papier : 7 euros- à commander sur le site de BoD.
Ce livre est un recueil de petites histoires pour la jeunesse. Mis à part un mélange de fables et de poésies, cet ouvrage a aussi un but pédagogique. Des textes que les adultes pourront raconter à leurs enfants, mais aussi pour que les enfants découvrent eux-mêmes l’univers des mots.
Les lecteurs feront la connaissance d’un enfant belliqueux, d’un canard blanc, d’un phoque vaniteux… (Entre 4 et 8 ans.)
Illustration de couverture :
EXTRAIT
Il existait en Antarctique un phoque
Un gros mâle
Qui disait toujours
« Tout va très bien, Madame la Banquise
Tout va très bien, Madame la Marquise
Je vis près du Roi Soleil
Et je me prélasse dans ses rayons. »
La journée
Il l’a passait à dormir sur son île
Non loin de son harem.
Le soir, il plongeait
Pour manger des poissons et des crustacés.
C’était le mâle le plus puissant
De la colonie
Et il possédait de nombreuses femelles.
Alors
Il se lissait les moustaches avec suffisance
Et exhibait son corps en se dressant
Sur ses nageoires de devant.
Mais le gros phoque
Etait devenu fainéant.
Il s’abandonnait au soleil
Tout en rêvant à ses conquêtes.
Quand un ours blanc
Mettait ses grosses pattes velues
Sur son bloc de glace
Il se glissait dans l’eau
En lui riant au nez.
Quand une orque
Montrait sa mâchoire
Il remontait rapidement
Sur son iceberg
En paradant.
Il existait un phoque
Un gros mâle
Qui disait toujours :
« Tout va très bien, Madame la Banquise
Tout va très bien madame la Marquise
Je suis le seigneur des lieux
J’ai le monde sous mes nageoires. »
La journée
Il la passait à dormi
Et à rêver à son harem.
Elles étaient belles ses femelles
Et il en était très fier.
Mais un jour le gros phoque
S’endormit profondément
Si profondément.
Qu’il ne vit pas son îlot se déplacer
Loin de la colonie
Ni la glace fondre sous son corps.
Il se retrouva
En pleine mer
Avec un tout petit lit
Pour le protéger.
À peine réveillé
De grosses dents mordirent sa graisse.
Le sang se répandit avec profusion dans l’océan.
Une orque l’avait happé
Pour en faire son petit déjeuner.
En voyant le spectacle
Un oiseau dit à un autre oiseau :
« La fatuité, tu vois où cela peut mener ! »
Le phoque vaniteux
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Illustration de l'auteur
Parution 2017
Billy the Cid
Thème : Humour
Format : Roman (134x204)
Nombre de pages : 72
Date de publication : 8 septembre 2017
ISBN : 9782414130450
Livre papier 9,50 euros - sur le site des éditions.
Que Pierre Corneille me pardonne !!
Cet ouvrage est une parodie du « Cid ». On y retrouve les travers de notre société (à propos de l’éducation, de la cupidité), mais aussi des portraits que vous avez peut-être croisés dans votre existence. Histoire balzacienne et vaudevillesque qui ressemble à du théâtre, mais ce n’est pas vraiment la discipline. La bouffonnerie a été réalisée avec du langage argotique et d’autres ingrédients.
Livre étrange où se mélangent des animaux marins – caricatures des personnages.
EXTRAIT
Pierre Corneille avait pour mère l’oiseau de son nom. C’était un drôle d’oiseau, une corneille noire (Corvus corone). L’animal était du genre passereau et ne faisait que passer, un peu comme vous et moi. Ce genre de bestiole se trouve principalement à la campagne. Mais celle dont je vous parle vivait en ville. Malheureusement, cette corneille avait l’habitude de montrer son fion à tous les tétrapodes emplumés du coin. Elle écartait ses jolies ailes, et elle chantait sur les toits qu’elle était en tiédeur permanente. On suppose que l’enfant a longtemps souffert du tempérament volage de sa génitrice. Quant à son père, nous avons très peu d’information. Peut-être un moineau, un étourneau ou encore un épervier complètement bigleux. Concernant la date de naissance de Pierre, il y a des doutes. Ce qui est ennuyeux pour une biographie. Mais les ornithologues nous donnent tout de même une fourchette de sa mise au monde. Il faut donc l’estimer entre 1400 et 1900. Effectivement, 1400 est un repère, puisque Piero della Francesca naquit à cette période, plutôt vers 1412 ou 1420 ou alors 1430… C’est pratique avec des cocos pareils ! Comment voulez-vous transmettre des informations sérieuses aux esprits curieux ? Bref, Francesca était un pauvre pékin qui peignait des madones, des barbus crucifiés, des annonciations, des résurrections, des triomphes de la chasteté, etc. C'est-à-dire tout un attirail merdique qui émoussait la papauté. Bon ! Revenons à notre mouton. L’année 1900, c’est facile à se rappeler, c’est l’année de naissance d’Antoine de Saint-Exupéry. Hein ? Mais si ! Le Petit Prince ! Encore une histoire bizarre ! On a retrouvé son zinc dans le bouillon au large de Marseille, mais pas le bonhomme. Si ça se trouve, c’était une ruse, il s’est éjecté avant de pénétrer le liquide et il s’est cassé au Brésil avec une souris en matelas pneumatique. Hein ? Oui ! Nous sommes toujours avec Pierre Corneille ! Donc, le petit finit par grandir, et nous savons par les dires que, dès qu’il fut jeune homme, sa vioque lui acheta une épicerie sur les bords de Seine à côté de Rouen. Hein ? Si ! Si ! Le nom de la ville est aisé à se mémoriser. C’est là que Jeanne la Pucelle a fait un grand méchoui avec les Angliches. Pas étonnant qu’on l’ait appelée « La Vierge », elle se baladait toujours en armure, il était donc difficile de lui mettre la main au slibard. Ce n’est pas comme les mignonnes d’aujourd’hui, toujours à exhiber leurs miches et leurs tétines sur Internet. Hein ? Comment dites-vous ? Si ! Si ! On continue la biographie du gaillard. Au début, son épicerie était très prospère. Mais Pierrot avait du sang chaud dans les veines, et bientôt il se mit à fréquenter les morues du quartier et à picoler. Un jour, il a disparu de la circulation. Sa mort reste aujourd’hui une énigme. Les journaleux de l’époque ont supposé qu’il avait été asphyxié par une paire de gros nibards, d’autres ont pensé qu’il était parti sur les routes pour y vendre des spiritueux. Mais, c’est bien connu, les journaleux racontent souvent n’importe quoi. Bref, la famille a vendu l’épicerie. Le nouveau propriétaire s’est mis à y faire un peu de ménage. Et là ! Que trouva-t-il dans la réserve du magasin ? Hein ? Quoi ? Non, non !! Ni un porte-jarretelles, ni un soutif, ni une boutanche de whisky. Mais… un… un… un manuscrit. Il a trouvé un manuscrit !! C’était une pièce de théâtre intitulée « LE CID » – ne pas confondre avec le CIDRE, qui reste encore la boisson préférée des Bretons. L’ouvrage fut transmis à un éditeur, qui fut subjugué par la verve et par la trame. La pièce fut jouée rapidement sur les grands podiums des villes, et ce fut un succès immédiat. Remarquez, il était fortiche le Corneille pour inventer un personnage qui embroche son futur beau-père, repousse une colonie de Maures, amoche l’amant de sa greluche… Ça tient du génie. Le Cid, c’est un peu « Billy the Kid » : un teigneux, un amoureux de la boucherie.
EXTRAIT ACTE 1
Don Fernand : Bien ! Je vais donc vous dire la chose. Je suis très perturbé par l’éducation de mon fils, le prince Albert. Il va bientôt avoir dix-huit ans,mon Bébert, il a plein de boutons sur le tarin et autour des mirettes. Il ne connaît rien des greluches et des techniques amoureuses.
Don Diègue : Voilà une triste histoire, Mon Souverain !
Don Gomès : Quelle misère !
Don Fernand : De plus, Monsieur a la cafetière complètement enfumée. Il s’avachit toutes les journées sur son sofa ; il tchatche avec des attardés sur son écran magique.
Don Diègue : Quel malheur !
Don Gomès : Tout fout le camp !
Don Fernand : Par ailleurs, Albert n’est vraiment pas fortiche avec les mathématiques.
Don Diègue : Pfffffff !
Don Gomès : Ah, la jeunesse !
Don Fernand : Quant à sa langue natale, c’est désastreux ! Il a du mal à s’exprimer oralement, la menteuse fourche entre les syllabes. On dirait qu’une bestiole lui a chié au fond du gosier ! Pour l’écriture, c’est pire ! Comment se fesse* ? me direz-vous. C’est à cause… à cause du laxisme éducatif, du « faut laisser agir selon les désirs », de la méthode globale, et j’en passe ! Ah, si je tinsse* les couillons qui ont créé ce merdier ! Déjà, les mômes ne sont pas des flèches !
Don Diègue : Et puis, ils ne lisent plus, Votre Majesté ! À notre époque, on s’instruisait. On regardait très peu la téloche. De temps en temps, on jouait aux castagnettes et aux toreros. Mais aujourd’hui, il y a tellement de gadgets !
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Livre ( poésie et petites histoires)
Un jour,
Le poisson-scie
Et le requin-marteau
Ont construit une maison
Tout au fond de la mer.
L’homme qui vivait dedans
Il faut le dire
Etait marteau.
Et il sciait des algues et des coraux
En grande quantité.
Et
Quand il eut fini d’amasser
Toute cette végétation dans son pré
Où broutaient poissons et crustacés
Il fit un grand feu.
Les flammes montèrent si haut, si haut
Que les nuages pouvaient apercevoir
Un grand cercle rouge à la surface
De l’étendue salée.
Mais le feu a engendré
Une éruption volcanique
Et tous les habitants marins
Ont fui la région.
Alors
Une île a poussé
Au milieu de l’océan.
Une île avec des arbres et du sable blanc
Et sur le sable
Une femme nue
Au visage transparent
Portait autour de la ceinture
Des poulpes et une plume de goéland.
L’homme qui avait allumé le feu
Se mit à escalader la montagne
Dont le pied se trouvait au fond de l’océan.
Après une lente ascension
Avec ses semelles de plomb
Il arriva à l’air libre
Où criaient les oiseaux palmipèdes
Dans les feuillages du ciel.
Quand il vit la femme
Au visage clair
Il eut faim, très faim.
Il caressa les courbes de la nudité
Et l’appela « Écriture »
Petite histoire
Des mèches lumineuses
Se subdivisent au front.
La face changeante
Dans l’exaltation
Dans l’ombre des cœurs meurtris
Et dans la renaissance du verbe.
Les sourcils
Pareils à des prédateurs nocturnes
Sous les blancheurs des lunes
Et les paupières rêveuses
Entrebâillées par les cils du souffle.
Il respire l’instant de ses narines singulières
Semblable à une bête
Couverte de sueur et de poussière.
Sa bouche se libère
Insufflant l’esprit
Aux arbres incurvés
Aux pierres érodées
Et aux doigts créateurs.
Un foulard d’embruns
Et de cumulus
Tissé par les ondoiements du sel
Affiche son cou.
Des cohortes de plumes crient sa fougue
Dans le tournoiement des ailes.
Et les plaques écumeuses de la mer
Implorent les îles
Les rivages de la quiétude
Contre les tempes des rochers.
Revoici le vent
Sur cette petite sphère
Noyée dans un océan d’étoiles.
Revoici le vent
Sans visage et sans âge
Qui offrit des corbeilles de fruits
Aux bottes des dieux.
Il siffle sous les portes
Frappe les fenêtres.
Et les coquillages vides
Pleurent les vergers de l’enfance ;
Les oreilles attentives
Qui se posaient sur les antres.
La poitrine poudrière
Tant de fois modelée
Dans le flux du temps.
Tel un scorpion
Sous le roc du ciel
Subrepticement
Il sort de son refuge
Jusqu’aux jambes de la nudité
Il s’immisce dans les mémoires
Et dans les désirs enfouis.
Ses membres serpentent
Dans les ruelles de la vie
Où s’attablent les regrets
Les bonheurs fugaces
Et les abcès crevés.
Au loin
Dans le tumulte des flots
Malgré la soif des bateaux
Et l’entrave des filets
Les mammifères chantent
Ses prairies.
Revoici le vent
Sur cette petite sphère
Noyée dans un océan d’étoiles.
Revoici le vent
Impalpable
Avec ses masques inachevés.
Le vent
Qui viendra se perdre dans les méandres
Du silence
Aussi, tel un rituel séculaire
Sur le cuir des mortels.
Des mèches lumineuses
Se subdivisent au front.
Des syllabes s’envolent
De ses lèvres démesurées.
Revoici le vent
Au-dessus des dunes
Et des déserts de sable.
Le vent
Il ne fallait pas croire tout ce que l’on disait dans les îles.
Tu n’avais pas un corps d’oiseau
Ni des griffes acérées
Et ton chant n’attirait pas les marins vers les récifs.
Tu n’avais pas une longue queue de poisson
Ni un visage hideux
Ni un gîte au fond d’un gouffre salé.
Tu étais une femme avec des courbes voluptueuses.
Ta chevelure ambrée dans le feu changeant du soleil
Et tes yeux avec des trésors enfouis.
Tu avais les seins fermes
Toujours offerts aux mains des vagues
Et nos deux corps s’élançaient dans les ondes ;
Nous nagions au loin.
Tu le savais
Que les hommes vivaient dans des flaques boueuses
Suintant la suffisance et la laideur.
Tu le savais
Que je reviendrais toujours vers toi
Comme un amant fou.
Il ne fallait pas croire tout ce que l’on disait dans les îles.
Tu n’avais pas un corps d’oiseau
Ni des griffes acérées.
Tu étais une femme avec des courbes voluptueuses
Une femme fictive
Qui lâchait ses chiens de sable
Parmi les bosquets d’algues
Dans la verticalité d’une mer
Où s’ancraient les navires du rêve.
Tu le sais
Que les hommes vivent dans des flaques boueuses
Suintant l’avidité et l’ordure.
Tu le sais
Je reviendrai toujours vers toi
Comme un amant fou.
Nous nagerons au loin.
La sirène
Note de la revue VERSO ( Alain Wexler)
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